Pour la dernière fois, dimanche, vous allez célébrer la maternité, l'abnégation, l'exemple de celle qui vous a mis au monde. Oui, bien sûr, dimanche, c'est la dernière fête des mères. Comment peut-il en être autrement ? Puisque, désormais, un enfant pourra avoir un père et un père, et pas de mère ! Puisque, désormais, un enfant pourra avoir une mère et une mère, et cette question : du ventre de laquelle suis-je né ? Et toutes les autres question : j'ai deux pères, mais qui est ma mère ? Pourquoi m'en a-t-on privé ?
J'ai deux mères, donc il faudra que je fasse deux dessins, deux bouquets de fleurs pour la fête des mères ; c'est plutôt sympa, je comblerai de bonheur deux personnes plutôt qu'une ! Mais dans trois semaines, dimanche 16 juin, pour la fête des pères, à qui offrirai-je mon dessin et le coupe-papier que j'ai fabriqué à l'école ? Et la mère porteuse indienne tenue en esclavage pendant neuf mois, elle n'a pas le droit à un dessin,elle aussi ?
La fête des mères ne peut subsister. Ce sera trop de souffrance pour certains enfants, c'est trop injuste, trop inégal. " Eux on un père et une mère, pas moi, c'est inégal, donc c'est injuste ".Il faut donc raboter cette inégalité, niveler par le bas, comme toujours. Certains ont un père et une mère ? Tant pis pour eux ! Effaçons cette différence, écrasons cette richesse supplémentaire, il n'y aura plus que la fête des parents .
Vous n'êtes pas d'accord pour supprimer la fête des mères ? Mais puisqu'on vous dit que ce n'est pas juste parce que ce n'est pas égal ! Vous êtes ennemis de l'égalité ? Alors vous êtes fasciste, doublé, en l'espèce, d'un homophobe. Et puis, celui qui institua la fête des mères, Pétain, était bien fasciste, non ?
Edouard Frémy, journaliste